Lundi 21 janvier 2008 à 19:49

 Après cinq ans de mélodie plus déroutantes les unes que les autres, après cinq ans d'empilage de partitions froissées au coin d'un piano emprunt de larmes et de cris, elle pensait que plus rien ne pouvait lui arriver. Incroyable est la capacité de l'homme à se persuader d'une chose qui, pourtant, en son fort intérieur, se trouve être totalement erronée. Elle était arrivée à un point où ses partitions lui semblaient bien lisses et bien droites, rangées dans un classeur, bien fermé. Affaire classée. Pourtant, il a suffit d'un simple coup de vent pour les faire s'envoler. Tombées dans la grosse flaque les partitions, elles se tachent, s'imbibent de cette eau trouble et finissent par craquer. Depuis le temps... Elle se croyait remise, guérit de tous ses maux et pourtant, c'est un coup de vent qui la refait douter. Prise de conscience : au fond, ça n'allait pas forcément si bien que ça. Cette situation, elle en souffrait encore. Intérieurement. Secrètement. "Ne passer pas par la case départ, ne touchez pas 20000Frcs". Oui, elle n'a jamais mis à jour son Monopoli.


 Elle laisse perler sur ses joues quelques notes de désespoir. Elle sait qu'elle ne peut jouer mélodie plus belle pour l'instant. Elle sait qu'elle ne peut rien faire de plus pour cette petite partition. Elle sait qu'elle ne peut jouer que le rôle de spectatrice. Elle le sait, oui. Mais qu'est-ce qu'elle en souffre. Et comme elle s'en veut.

Elle ne peut être le Super Héro des autres et se sauver elle même. Mais, tant bien que mal, elle tentera de jouer les deux rôles encore un peu. Et elle verra. Attendra. Qu'il vienne, ce Super Héro.
Mais vite, elle tombe déjà.

Dimanche 13 janvier 2008 à 16:15

" On n'oublie pas les personnes que l'on rencontre, on à juste du mal à s'en souvenir "

Le Voyage de Chihiro



Musique...

Dimanche 30 décembre 2007 à 18:45

 Petit soldat de plomb. Sans visage. Sans nom. Juste une plaque autour du coup. Tel un animal. Tu ne parles pas. Tu cris au combat. Celui qui n'est plus le tient. Mais celui d'un politicien.
 Petit soldat de plomb. Dans ta jolie maison. Femme et enfants attendent. Ton retour avec impatiente. Restant près du téléphone. Près de la télévision.
 Dis moi petit soldat de plomb. Les hommes que tu combats dehors. Sont-ils aussi fort que toi ? Que ton armée ? Que ce pays qui t'a engagé ?
 Dis moi petit soldat de plomb. Dehors ce n'est pas ton pays. Mais c'est ta Terre que tu foules. Celle que tu partages avec six milliards d'autres vies. Alors pourquoi cette guerre ici. C'est ton monde que tu détruis.
 Dis moi petit soldat de plomb. Comprends-tu le bruit de l'arme que tu tiens là dans tes mains ? Comprends-tu ce cri à l'autre bout de celle ci ? Penses-tu à ce que tu verras demain ?
 Petit soldat de plomb. N'a plus de visage, plus de nom. Seulement une stèle. Au fond d'un creux dans la terre. Car petit soldat de plomb. La terre qui te recouvre. C'est celle sur laquelle tu as tiré. C'est celle de ta jolie maison.
 Petit soldat de plomb. Une flamme trône devant ton nom.



Petit soldat de plomb. Mort au combat pour une bande de cons.


Jeudi 29 novembre 2007 à 20:28

 Au fil du temps, les partitions que nous construisons s'effacent. Chacune leur tour, les notes s'envolent vers un monde meilleur. Un monde en musique. Elles nous quittent peu à peu. Les plus anciennes d'abord. Elles laissent place aux nouvelles, dans ce monde si dur, si beau, si tout et rien à la fois. Cependant, il arrive que les plus jeunes notes s'effacent, sans qu'on s'y attende, sans prévenir. Elles disparaissent, et emporte avec elles leur maigre souvenirs, car encore beaucoup trop jeune pour s'en créer de merveilleux. Elles auront vécu entourées de belles et grandes notes, de mélodie de bonheur, de symphonie en harmonie. Même dans le [do]ute, dans la peur de s'effacer, elles auront vécu leur vie de petite note, mais pourtant Grande dans le coeur des autres.


 Certaines notes disparaissent bien trop tôt. Il faut, pour combler le reste de la partition, bien du temps, bien des étapes de reconstruction, et une symphonie toujours en harmonie. Oui, certaines notes disparaissent bien trop tôt...

Une pensée pour Elle, qui à perdu une note bien trop tôt.

Lundi 26 novembre 2007 à 19:50

 Flocon perdu sur une partition. Les décorations de Noël envahissent déjà les lampadaires des rues sombres, les chocolats innondent les rayons des magasins, la télé est submergée par les pubs de cadeaux en tout genre. Les chauffages et les cheminées sont en routes. Il ne manque plus que la neige tombe et recouvre nos toits. Alors, devant ma fenêtre, je l'attends.
 Un café, un chocolat, un thé bien chaud permettent de réchauffer les mains les plus tremblantes. La musique, elle, réchauffe les coeurs et les oreilles. Pas de brouhaha insupportable. Des discutions en tout genre, et une musique qui, par on ne sait quel moyen, arrive à réunir les gens ici. Un pouvoir invisible. Des notes jetées dans les airs, un murmure et une voie qui s'élève. Les conversations se rejoignent pour n'en former plus qu'une.
 Ma voix se gèle. Les voir tous ici me fait redouter ce moment. Pourtant, eux, je ne les connais pas. Certains me sont familiers seulement parce qu'ils sont des habitués. Mais pourtant, parmi toutes ses partitions de vie qui les parcours et qui les ont construit, je n'en connais aucune. Pas un fragment. Rien. A vrai dire, la partition de ma vie, ils ne la connaissent pas. Alors, pourquoi trembler ? Je monte et m'installe devant ce piano. " Today is gonna be the day " De stupeurs les yeux s'ouvrent : c'est une voix qui accompagne ce morceaux.


 " And after all
You're my wonderwall "

 Un flocon vient se déposer sur ma joue. Je me réveille sur des partitions éparpillées au dessus du piano. Ce n'était qu'un rêve. Je me retourne vers [la] fenêtre : il neige.

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